Vendredi 13 juin 2014
Frédéric Thomas

Après des séjours aux États-Unis et en Australie, Frédéric THOMAS débute son activité de conseil de terrain et, en 1999, il crée la revue TCS. Il s’appuie aussi sur sa ferme, en Sologne, des terres sableuses hydromorphes à faible potentiel, où il met en œuvre l’AC avec réussite. Il est aujourd’hui l’un des acteurs majeurs du développement de l’AC en France.

Localisation d’azote à l’automne : c’est maintenant autorisé par la loi !

JPEG - 262.3 koLa simplification du travail du sol et à fortiori le semis direct dans des repousses ou des couverts limite fortement les disponibilités en azote voire en phosphore à la levée et au démarrage des cultures. Si cela peut être considéré comme très positif d’un point de vue environnemental voire agronomique, puisque cet azote est ensuite, et en partie, redistribué plus tard en culture, il s’agit tout de même d’un risque de pénalité qui est aujourd’hui bien inventorié dans les réseaux TCS. En ce qui concerne le phosphore, sa disponibilité est fortement liée à l’activité biologique des sols (température) et leur pH (pouvoir fixateur). C’est entre autre pour cette raison que les trémies se sont multipliées sur les semoirs avec le développement de nombreuses solutions pour positionner une fertilisation « starter » proche ou dans la ligne de semis. Cependant, et si cette localisation était jugée utile et possible pour les cultures de printemps (orge, betterave, maïs, tournesol, ….), il était plus délicat de communiquer sur cette pratique lors des semis d’automne qui pourtant peut être souvent nécessaire ou tout du moins une bonne assurance dans nos conditions d’AC. A la demande de plusieurs de ses adhérents, l’UNIFA (l’Union nationale des industries des fertilisants et des amendements), sous l’égide de Philippe Eveillard, a défendu l’approche en zone vulnérable, en présentant un dossier technique auprès du ministère de l’environnement, pour autoriser cette possibilité de fertilisation novatrice sans restrictions de dates d’apport d’azote, pour une quantité limitée et un positionnement particulier.

Les société AGROQUALITA, EUROCHEM AGRO, TIMAC et COMPO se sont impliquées avec l’UNIFA dans la construction du dossier, pour obtenir cette ouverture fort intéressante.

En effet l’arrêté paru au JO du 31 octobre 2013 et portant sur le programme d’actions nationales en application avec la directive nitrate exempte la localisation en ligne d’engrais minéraux du calendrier d’interdiction d’épandage d’automne. Au semis des cultures d’automne, la localisation d’azote à hauteur de 10kg de N/ha maximum, à condition qu’il soit d’origine NP ou NPK, est donc autorisée par la règlementation en zone vulnérable. L’interdiction d’apport d’azote minéral à partir du premier septembre ne s’applique donc pas à la localisation d’engrais au semis à l’automne, technique, jugée par les ministères, comme innovante et associée à « un risque minime de fuite de nitrate ». La quantité d’azote apportée devra tout simplement être intégrée dans le bilan global et être enregistrée, en zone vulnérable, avec l’indication « localisation sur la ligne ».

Cette possibilité de localisation sur la ligne de semis dès l’automne est une ouverture intéressante qui va permettre à beaucoup de TCSiste et surtout SDistes de mieux sécuriser leurs implantations d’automne. C’est aussi une forme de reconnaissance par les ministères des pratiques « innovantes » et surtout agronomiquement fondées dont nous faisons la promotion. Par ailleurs, cette ouverture démontre que l’administration n’est certainement pas aussi obtuse et fermée dès lors que l’on quitte une posture de refus systématique pour se positionner plus en force de proposition cohérente et sensée. Enfin, il faut saluer ici le travail de l’industrie des engrais qui a habilement défendu le dossier dans l’intérêt de certains de leurs adhérents, bien sur, mais aussi pour l’intérêt de tous. A ce niveau aussi des collaborations constructives sont plus profitables que des oppositions stériles.