Mardi 12 mars 2013
Jean-Marc Sanchez

L’humus, à quoi ça sert ? Au fait !

A quoi sert l’humus ? La réponse d’un agronome :

« L’humus sert d’abord de « garde-manger » pour les plantes »,

répond sans hésiter Olivier Cor, responsable agronomique chez ITHEC. Lors d’un apport d’engrais, la plante est alimentée directement, mais employés seuls, ces engrais sont loin d’être suffisants : « La matière organique, réorganisée au cours du processus d’humification est aussi une source importante d’azote pour la plante, qui lui permet de puiser quand elle en a besoin et pas uniquement au moment de l’apport d’engrais », poursuit l’agronome.

Pour Olivier Cor, cette notion est même « essentielle » en agriculture, voire plus importante que la fertilisation elle-même, car c’est ce qui permettra (ou non !) d’atteindre un bon rendement de la culture. « Et si l’on s’amusait à comparer les quantités d’azote apportées par l’humus et par les engrais, il faudrait amener l’équivalent de plusieurs semi-remorques d’ammonitrate ! », s’amuse celui-ci. Dans le détail, lors de la minéralisation de la matière organique, les micro-organismes mobilisent une grosse partie de l’azote apportée par les engrais…qui le recéderont ensuite à la plante. « Indirectement, la matière organique donne donc de l’efficacité aux engrais minéraux », complète l’agronome.

L’humus joue aussi un rôle vital dans la structuration du sol :

la partie stable de l’humus, formée des composés humiques, se fixe aux particules d’argile, formant le « complexe argilo-humique » (CAH). Celui-ci garantit la pérennité structurale du sol grâce aux micro-porosités et lui assure une stabilité vis-à-vis des agressions extérieures : pluie, compaction entraînées par le passage d’engins agricoles... « Un sol bien équilibré à la base en matière organique par des apports réguliers va donc se restructurer de lui-même et plus rapidement, en cas par exemple de passage d’engins agricoles, explique Olivier Cor.

Elle lui confère aussi plus de résistance naturelle aux tassements ». Le « CAH » permet de plus le stockage de l’eau et sa restitution à la plante, quand elle a en a besoin, ou encore la bonne pénétration du sol par l’air, les racines et leur approvisionnement en eau et minéraux. « Il est faux de dire que la matière organique est une pompe à eau, tient-il à préciser. Au contraire, elle permet son stockage ! ».

Le CAH, qui retient à sa surface les cations échangeables (Ca2+, Mg2+, K+, Na+…) protège également les sols des risques de pertes par lessivage, qui pourront être mis à disposition des végétaux. En ce sens, l’humus participe au réservoir de fertilité chimique du sol. Enfin, la matière organique sert à alimenter les micro-organismes du sol : sans matière organique, pas d’être vivants qui la dégradent, donc pas de cycle du carbone fonctionnel ! Les vers de terre, qui jouent un rôle fondamental dans la production, la structuration, l’entretien et la productivité des sols agricoles, ont également besoin de matière organique fraîche pour se nourrir, qui constitue aussi leur lieu de vie.