Maïs en TCS et SD, des contraintes mais beaucoup d’atouts

Frédéric Thomas, TCS n°37 - mars / avril / mai 2006

Dans les parcelles en TCS et a fortiori en SD, la vigueur de démarrage du maïs est souvent plus faible. Cela s’explique en partie par un réchauffement plus lent du sol, mais la température n’est pas la seule en cause dans ce processus. L’inertie de la minéralisation et l’appauvrissement du profil en azote par les couverts et éventuellement des repousses restées vivantes trop longtemps au printemps sont aussi grandement responsables de cette pénalisation, généralement plus marquée en année froide. Cependant, après son installation, le maïs compense largement. Il profite à l’inverse d’une meilleure alimentation en fin de cycle, comme des économies d’eau permises par la non-ouverture du sol et l’écran des résidus laissés à la surface. Enfin, cette pratique induit des plantes généralement moins hautes mais plus trapues avec des épis tout aussi conséquents. Comme nous l’avons évoqué dans le dernier TCS avec le « strip-till », il semble intéressant de mettre tout en œuvre pour contourner cette difficulté au démarrage, pour sécuriser l’installation rapide et complète de la culture, afin d’accéder à des gains de rendements et/ou une diminution de l’humidité à la récolte.

Maïs de maïs en TCS

Le choix de la variété est essentiel

S’il n’existe pas beaucoup plus de différence de rendement en TCS qu’en labour pour des variétés d’un même groupe, les écarts peuvent par contre nettement s’accentuer en semis direct, pour des raisons de vigueur au départ, de capacité d’enracinement et de mobilisation d’éléments. Plus le degré de simplification sera élevé, plus le choix des hybrides utilisés sera important. Outre le rendement, la rusticité, la vigueur au démarrage et la précocité sont à prendre en compte dans les différents critères, afin de préserver le sol à la récolte. Il ne faut pas non plus négliger la sensibilité aux limaces, comme aux fusarioses, afin d’endiguer le risque mycotoxines, même s’il n’existe aujourd’hui pas encore de liste officielle des variétés sensibles à cette maladie.

Pourquoi pas mélanger les variétés ?

Le mélange de variétés n’est pas l’apanage des céréales à paille. Il peut être aussi pratiqué avec le maïs, où il est beaucoup plus simple à mettre en œuvre. Il suffit tout simplement de positionner une variété par élément semeur. Cette stratégie permet de limiter les risques sanitaires en établissant une diversité intra-parcellaire et des barrières à la prolifération de ravageurs et de maladies. De plus, elle permet de couvrir une plage de potentiel plus étendue, quelles que soient les variations de conditions. Le mélange variétal permet également d’étaler la maturité, critère très intéressant en élevage où il offre plus de flexibilité dans les périodes optimums d’ensilage. Comme en céréales, c’est un moyen supplémentaire de limiter les risques et de stabiliser les rendements moyens des niveaux élevés. Au-delà de ces avantages, le mélange de variétés est aussi une méthode simple pour évaluer les hybrides entre eux et la qualité des lots de semences.

Fertilisation : compensez le manque de fertilité précoce

L’accumulation de matière organique et la pratique des couverts végétaux (surtout cette année où les lessivages ont été réduits pendant l’hiver), combinées à la minimisation de l’aération du sol favorisant réchauffement et minéralisation entraînent, inéluctablement, une réduction des fournitures du sol les premières années. Il ne faut pas hésiter à la compenser par un apport de 30 à 40 U d’azote en plus, afin de ne pas pénaliser le rendement. Dans la majorité des cas, cet azote est plutôt à positionner avant ou au semis. C’est à cette époque que les risques de carence sont les plus importants. Plus tard, surtout en fin de saison, c’est le sol en TCS et SD qui subviendra aux besoins, par la minéralisation lente de son stock de matière organique labile.

Qualité du semis

Si en TCS ou en strip-till, le travail des semoirs est largement facilité, ce qui peut éviter d’avoir recours à une machine spécialisée, ce n’est pas le cas en semis direct. Pour ce dernier, la qualité du sillon et de sa fermeture est essentielle, afin d’éviter une perte de densité comme une hétérogénéité des plantes.

Gestion de l’eau

Hors irrigation, l’approvisionnement en eau de la culture est particulièrement important bien que le maïs soit une plante en C4 et possède une performance photosynthétique plus élevée que les autres plantes. Contrairement à ce qui est souvent annoncé, cette culture, à rendement égal, est moins exigeante en eau par kg de matière sèche produite (entre 300 et 400 l). Il faudra cependant entre 630 et 750 mm pour produire les 18 à 22 t de matière sèche totale, soit un rendement grain sec de 100 à 120 q/ha. Puisque les besoins ne seront pas couverts par les réserves du sol et les précipitations pendant la végétation, ce sont les remontées capillaires d’horizons plus profonds, lorsque le profil le permet, qui doivent apporter le complément ou l’irrigation. À ce titre, les TCS et le semis direct peuvent ici devenir une source supplémentaire d’économie (irrigation) ou de profit (meilleur rendement en culture sèche), en apportant une bien meilleure valorisation de l’eau par :

- la limitation de l’évaporation d’une partie des réserves par le travail du sol de printemps ;
- la verticalisation du profil qui permet une exploration plus profonde et homogène des racines comme une amélioration des remontées capillaires lorsque le sous-sol le permet ;
- une augmentation de la capacité de stockage de la matrice sol, via l’accroissement du taux de matière organique. Cette fonction n’est pas linéaire mais exponentielle : plus le volume de matière organique progresse, plus la capacité du sol à retenir l’eau augmente rapidement ;
- la conservation d’un mulch de résidus, voire d’un véritable paillage à la surface du sol afin de réduire fortement l’évaporation pendant les deux premiers mois de végétation.

Le but est de conserver une eau précieuse pour les périodes plus critiques qui arrivent autour et après la floraison. Cette approche, qui vient un peu à l’encontre des recommandations de gestion des couverts développées jusqu’à ce jour (destruction précoce pour éviter les risques de faim d’azote et favoriser le réchauffement), est à considérer avec intérêt dans les sols superficiels. Il est sûrement possible, dans ces sols, d’utiliser de l’eau en excès à la fin de l’hiver et au printemps pour faire de la biomasse. Un écran efficace est ainsi produit, et ce sans risque d’épuisement des réserves, rapidement remplies par les pluies d’avril et mai.


Télécharger le document
(PDF - 327.4 ko)