Lundi 8 octobre 2012
Philippe Jacquemin

Philippe Jacquemin est agriculteur en Champagne depuis 14 ans dont 10 en TCS et traitement bas volume. Il a été formateur durant 7 ans en agriculture et environnement. Passionné de photo, de nature et de voyage, il nous fait partager sa vision de l’agriculture.

Une chouette affaire

Philippe Jacquemin

crédit : P. Jacquemin

Depuis 7 ans, les membres de la LPO Champagne-Ardenne assurent le suivi des nichoirs à chouette effraies à Sompuis. Quatre nichoirs ont été installés dans des bâtiments agricoles afin d’accueillir ce rapace nocturne. Cette opération vise à enrayer le déclin de l’espèce en mettant à disposition des sites artificiels pour pallier la disparition des sites naturels. Cette année, deux nichoirs ont accueillis trois nichées. Au printemps, deux couples ont produits respectivement quatre et trois poussins ; puis en été, l’un des couples à fait une deuxième couvée qui compte actuellement 5 poussins, l’autre couple a malheureusement abandonné sa deuxième ponte faute de nourriture. L’année 2012 restera un bon millésime pour la chouette effraie, tout simplement parce que l’année fut aussi favorable aux rongeurs.

Les chouettes adultes et les poussins ont été bagués, pesés, mesurés. Le baguage permet de suivre la dynamique de la population locale, une aide précieuse pour la protection de l’espèce. C’est avant tout dans la protection que la LPO s’investit, car si les chouettes effraies ont plébiscités les nichoirs placés à Sompuis, plus d’une centaine d’autres ont été installés dans la région du Der et plus de la moitié d’entre eux accueille des couples nicheurs.

L’Effraie des clochers connaît un déclin tant au niveau français qu’européen. Elle est d’une part victime d’une surmortalité due à plusieurs facteurs : le trafic routier, la modification des pratiques agricoles qui ont transformé sont habitat, les produits phytosanitaires qu’elle absorbe via ses proies, etc. et d’autre part, les gîtes qu’elle occupe habituellement se raréfient. Elle niche dans le bâti, près de l’homme, mais les vieilles granges disparaissent ou sont réhabilitées et donc inaccessibles, les greniers sont fermés (isolation, propreté), les clochers sont grillagés pour interdire l’accès aux oiseaux. La double peine en quelque sorte puisque la faible reproduction ne peut enrayer les fortes pertes. Pour exemple, nous citerons un chiffre qui fait froid dans le dos : dans le quart nord-est de la France, la mortalité annuelle due au trafic routier s’élève en moyenne à cinq chouettes tuées tous les 10 km de tronçon autoroutier.

Pourtant l’effraie est utile, elle se nourrit principalement de rongeurs. Son régime alimentaire est constitué à 50% de campagnols des champs, 30 % de mulots, 15% de musaraignes, agrémenté de campagnols terrestres (rat taupier) de rats surmulots et de quelques moineaux. En un an, un couple qui se reproduit consomme environ 5000 rongeurs !

http://champagne-ardenne.lpo.fr