DES COUVERTS PÂTURÉS ET DES COUVERTS RÉCOLTÉS

Sophie Bourgeois - RÉUSSIR BOVINS VIANDE ; janvier 2010 - n° 167

Au GAEC de la Gachetière en Vendée, derrière les céréales, pendant les intercultures longues, des couverts sont implantés et valorisés par les bovins. Des mélanges sont pâturés en fin d’été et d’autres sont récoltés au printemps sous forme d’ensilage.

C’est la pratique du semis direct qui a conduit les éleveurs du Gaec de la Gachetière, à Grosbreuil dans le bocage vendéen, à généraliser le recours aux couverts entre un blé et un maïs, depuis plusieurs années.Une centaine d’hectares sont implantés chaque année, une bonne moitié d’entre eux sont pâturés et l’autre partie est ensilée.

Pour les couverts pâturés, Didier Gigaud sème 2 kilos de colza fourrager, 10 kilos de moha, 10 kilos d’avoine brésilienne (Evergreen), 3 à 4 kilos de trèfle incarnat. Cela représente un coût d’environ 60 euros de semences par hectare. Il rajoute parfois 2 à 3 kilos de sorgho fourrager, 1 à 2 kilo de trèfle d’Alexandrie et du radis fourrager. Les couverts sont semés si la météo le permet, juste derrière la récolte de la céréale, ou bien à la faveur d’une pluie dans le mois d’août, et sont conservés tout l’hiver.

Cette année, il n’y a pas eu de pluie après la récolte du blé. N’ayant pas eu de fenêtre pour semer avant le 20 août,Didier Gigaud a préféré renoncer à implanter des couverts, faute d’être sûr qu’ils lèveraient. « Le pâturage des couverts est fait pour être pratique », explique l’éleveur. Sur une parcelle de 6 à 10 hectares sont lâchés 25 vaches et leurs veaux ou bien 35 à 40 génisses. Les bovins entrent quand le couvert fait environ 40 centimètres de haut, 70 jours après le semis. Parfois il monte bien plus haut, à hauteur de leur dos. « Elles se régulent d’elles mêmes et font leur choix entre les différentes espèces présentes en parcourant la parcelle. » Les mélanges sont aussi constitués pour s’équilibrer entre azote et énergie.Des clôtures mobiles, constituées de piquets en fer et d’un fil, sont installées autour des parcelles. « Je ne veux pas faire pâturer au fil pour ne pas risquer de piétinement ». Les éleveurs du Gaec ont utilisé par le passé du colza fourrager pur, mais il fallait alors surveiller quotidiennement les vaches car cette espèce est très riche pour des vaches allaitantes.

Cinq à sept semaines de pâturage

« Avec ces mélanges à pâturer, on ne dépasse pas 3 t MS/ha. Mais cela permet d’économiser de façon importante les stocks distribués dans l’été.Cette année sans couverts pâturés, les silos sont nettement plus avancés que d’habitude en ce mois de décembre », observe l’éleveur. Les bovins entrent dans les couverts à la mi-août, et il n’est pas distribué de fourrages de tout l’été à ces lots. Ils pâturent au moins cinq semaines.

Didier Gigaud sème aussi vers le 15 septembre des couverts qui seront ensilés. Ils sont composés de 120 kilos de céréales (1/3 avoine, 1/3 triticale, 1/3 seigle), 20 kilos de vesce, 40 kilos de pois fourrager. Dans certaines parcelles il ajoute 40 à 50 kilos de féverole. Cette dose importante de féverole est directement liée à la pratique du semis direct. Didier Gigaud utilise la technique du « striptill végétal » : les racines de la féverole semée en ligne miment l’effet de ce matériel, un maïs est ensuite semé sur les lignes après l’ensilage. Il en résulte dans ce cas un ensilage très riche en protéines qu’il faudra rationner et compléter avec une source d’énergie pour une bonne valorisation par les vaches allaitantes. Certains couverts sont récoltés dès la première quinzaine de mai, au stade épiaison, d’autres mi-juin au stade céréales immatures. Les rendements sont de 6 à 8 t MS/ha début mai, de 8 à 10 t MS/ha au 15 mai et de 10 à 14 t MS/ha au 15 juin. Plus la date de récolte avance et plus les protéagineux prennent de l’ampleur dans le mélange.

Avantage aux mélanges

Les couverts végétaux sont amenés à devenir plus répandus que ce soit pour des raisons réglementaires (directive Nitrates, PMPOA…) ou pour les nombreux avantages agronomiques qu’ils présentent, en particulier en techniques culturales simplifiées et semis direct. « Il faut toujours trouver le compromis entre l’aptitude du couvert à s’implanter facilement, à produire de la biomasse et à capter de l’azote, un développement suffisamment rapide avant l’hiver, un effet structurant sur le sol, la facilité de destruction, le coût de l’implantation  », indique Arvalis Institut du Végétal.

En élevage, la valorisation des couverts par les animaux est une réelle opportunité.Utiliser plusieurs espèces en mélange permet de réduire les risques d’échecs de levée liés aux aléas climatiques. Les risques d’attaque parasitaire sont aussi mieux répartis et le salissement limité si la couverture du sol est maximale et rapide. COMBINER PLUSIEURS ESPÈCES Un mélange de légumineuses et crucifères fournit de l’ordre de 10 unités d’azote à la culture suivante, selon Arvalis Institut du Végétal, sachant que c’est 30 unités pour une légumineuse pure mais qu’elles ne sont pas autorisées en interculture longue, et rien pour les autres couverts. Par contre, les semences de légumineuses sont nettement plus chères que celles des autres espèces. Combiner plusieurs espèces permet donc de baisser le coût total des semences ramené à l’hectare.

« En cas de présence d’une croûte de battance, un couvert de 2 tMS/ha est suffisant pour limiter le phénomène et la prise en masse superficielle  », note Arvalis Institut du Végétal. « Les effets de restructuration sont plus rares. Les couverts ne jouent pas comme une prairie, une jachère ou une luzerne. » Pour semer, une préparation fine en surface complétée d’un roulage est souvent garant d’une bonne levée. Il convient aussi que le couvert soit détruit au moins deux mois avant l’implantation de la culture suivante.


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