Jeudi 3 mai 2012
Frédéric Thomas

Après des séjours aux États-Unis et en Australie, Frédéric THOMAS débute son activité de conseil de terrain et, en 1999, il crée la revue TCS. Il s’appuie aussi sur sa ferme, en Sologne, des terres sableuses hydromorphes à faible potentiel, où il met en œuvre l’AC avec réussite. Il est aujourd’hui l’un des acteurs majeurs du développement de l’AC en France.

Plantes compagnes en colza : l’approche se démocratise

Colza associé à de la lentille, du nyger, du sarrasin dans le Loir-et-Cher en septembre 2011.

En 2004, ce sont des colzas (installés comme complément dans des mélanges sur une plate-forme de comparaison de couverts BASE dans le 56) qui nous ont interpelés : peu présents à l’automne, voire décevants, nous ne pensions pas continuer à les inscrire dans les mélanges. Cependant au printemps, après la destruction par l’hiver des autres plantes, la surprise a été de retrouver des bandes de colza quasi aussi avancées et régulières que dans les champs voisins.

En 2005, un premier essai en Alsace, réussi même s’il n’a pas été jusqu’à la récolte, confirme le bien-fondé de cette stratégie et corrobore de nouvelles observations sur une plate-forme de couverts, toujours en Bretagne. Il apparaît cependant que ce sont les légumineuses qui sont les meilleures plantes d’accompagnement : à l’automne elle boostent littéralement la crucifère sans vraiment exercer de pression bien au contraire.

Ces deux campagnes suffisent pour convaincre et l’idée est lancée dans les réseaux TCS et SD qui rapidement essayent, adaptent et confirment l’intérêt d’associer des plantes compagnes au semis du colza.

Le Cetiom s’investit également dans la dynamique, en la personne de Gilles Sauzet qui travaille depuis de longues années sur la problématique désherbage. Avec des suivis d’essais agriculteurs et des expérimentations, il apporte des mesures qui certifient l’intérêt de cette approche et contribue même à divulguer un mélange type (GFL : Gesse, Fenugrec et Lentille). Progressivement, année après année, malgré des grandes variations de conditions climatiques, la majorité des résultats confirment que cette voie est non seulement intéressante pour limiter le salissement mais aussi pour économiser en azote voire gagner en rendement et bien sûr développer l’auto-fertilité du sol.

Si beaucoup de TCSistes on adoptés cette innovation et ne sèment déjà plus de colza sans accompagnement, l’idée commence à faire son chemin chez les conventionnels et les bios. Mais c’est l’arrivée de publicités pour les plantes d’accompagnement dans la revue TCS (N° 66 et 67) qui constitue un vrai tournant. Cela signifie que le conseil et la distribution sont en train de s’accaparer également le concept avec maintenant la possibilité de proposer aux agriculteurs deux solutions « commerciales » : soit un bidon de désherbant, soit un sac de semences compagnes. Si la dépense peut être au final identique, cette ouverture et la possibilité du choix qui va pouvoir maintenant être proposé au plus grand nombre est vraiment une énorme avancée qui sans nul doute enclenchera chez beaucoup une réflexion, un déclic : « si l’on peut faire différemment et surtout avec une orientation et une sensibilité plus écologisante avec le colza, pourquoi pas modifier d’autres pratiques comme par exemple le travail du sol ? »