Jeudi 6 février 2014
Matthieu Archambeaud

Après avoir rejoint F. THOMAS dès 2003 et mis en place le site agriculture-de-conservation.com, M. ARCHAMBEAUD a été l’un des initiateurs d’Icosystème, plate-forme d’apprentissage en ligne dédiée à l’agroécologie, l’agroforesterie et l’agriculture de Conservation qu’il anime aujourd’hui.

Produire de l’électricité en profitant de l’interaction entre microorganismes et plantes (revisiter le sol 1/3)

Panellus Stipticus (crédit : Ylem)L’équipe de Marjolein Helder de l’université de Wageningen aux Pays-Bas a mis au point et va commercialiser une pile « rhizosphérique » (Plant Microbial Fuel Cell). Cette pile utilise l’activité biologique autour des racines des plantes pour produire de l’électricité. En effet, la consommation des exsudats racinaires (jusqu’à 30% de la photosynthèse) par les microorganismes du sol entraîne la libération d’électrons dans la rhizosphère, électrons qui sont récupérés par un circuit électrique branché dans le sol. Les chercheurs avancent une production de 0,4 W/m² sur un cycle de végétation et espèrent atteindre les 3,2 W/m². Pour information la puissance d’un panneau solaire est comprise entre 100 et 200 W/m².

Au-delà de l’anecdote, ce procédé illustre deux faits. C’est tout d’abord la confirmation que les plantes fournissent d’importantes quantités d’énergie sous forme de sucres et de protéines à l’activité biologique du sol pour assurer leur nutrition et leur défense. Cette énergie chimique est convertie en énergie électrique au niveau cellulaire pour recharger les batteries du vivant que sont les molécules d’ADP/ATP (en captant un groupe phosphate, l’ADP devient ATP, une molécule chargée d’énergie qui redeviendra disponible dans la cellule après la réaction inverse). Deuxièmement, on constate qu’il s’agit encore une fois d’un procédé (très compliqué et pour l’instant assez peu efficace) de piratage de l’énergie de l’écosystème. La comparaison peut-être faite avec la production de couverts végétaux destinés au méthaniseur. Dans des systèmes agricoles qui manquent déjà d’énergie, ne vaut-il pas mieux laisser le maximum de ressources à l’activité biologique ? Avec une activité biologique performante on sait aujourd’hui qu’il est possible de produire avec beaucoup moins d’énergie : 30 L/ha/an de gasoil économisé c’est 342 kWh/ha/an à produire en moins ou pour le dire autrement : 1 éolienneproduit chaque année l’énergie que pourrait économiser 13 tracteurs en TCS/SD/an.