Matthieu Archambeaud

Après avoir rejoint F. THOMAS dès 2003 et mis en place le site agriculture-de-conservation.com, M. ARCHAMBEAUD a été l’un des initiateurs d’Icosystème, plate-forme d’apprentissage en ligne dédiée à l’agroécologie, l’agroforesterie et l’agriculture de Conservation qu’il anime aujourd’hui.

L’énergie au cœur de l’économie

Ce texte n’avait pu paraitre dans le TCS 51 par manque de place, je vous le livre tel quel.

Depuis la seconde guerre mondiale dans les sociétés industrialisées, l’ensemble des activités humaines a reposé sur l’utilisation massive d’énergies fossiles bon marché. Cette orientation n’a pas épargné l’agriculture qui a vu ses rendements doubler entre 1960 et 1980, accompagnant une croissance démographique exponentielle. La donne a changé d’une part avec l’accession de la Chine et de l’Inde à la civilisation de consommation et d’autre part les réserves de pétrole et de gaz et même de charbon ne sont pas inépuisables. Dans cette situation le prix de l’énergie est à la hausse sur le long terme et risque de devenir l’indicateur économique le plus approprié. En ce qui concerne la production agricole, elle-même fortement liée aux énergies fossiles, le problème est d’assurer l’alimentation de tout un chacun en attendant la stabilisation démographique de la population humaine (d’ici à la fin du siècle si tout se passe bien). Si la situation de 2007 a pu nous donner un avant-goût des décennies à venir, celle de 2008 a montré qu’un facteur de risque supplémentaire existe ; en effet, la versatilité du cours des céréales, sans baisse significative du prix des intrants fragilise d’avantage une bonne partie des exploitations, dont les charges de production sont fortement externalisées. Dans un contexte d’énergie chère, la sécurité économique redevient synonyme d’autonomie.

Les TCSistes sont dans la bonne direction, avec les économies de carburant mais également (et surtout) avec le développement de sols performants. En effet, au-delà de la mécanisation, le poste engrais consomme environ 60% de l’énergie consommée sur la ferme céréalière ; le développement de sols structurés et vivants, capables de capitaliser les apports sans perte et de les redistribuer efficacement, demeure fondamental.