L’agrégation biologique du sol, gare à la surchauffe !

L’activité biologique des sols cultivés est la résultante d’un éco-système particulier que l’homme a créé il y a quelques temps avec la mécanisation de l’agriculture.

Méditons autour de la température de "carburation biologique" des sols cultivés :

Un suivi de la température dans le sol à 10 cm de profondeur a été réalisé à l’aide de thermo-boutons enregistreurs, dans une culture de pomme de terre dans la butte en fin de printemps 2014. Cette parcelle avait bénéficié de l’apport d’un mulch de 10 cm de luzerne et un témoin sol nu était aussi suivi.

Suivi température du sol dans les pommes de terre à Valff 2014

Les températures supérieures à 28°C sont néfastes à la culture ; le sont-elles aussi néfastes à l’activité des bons microbes des sols qui minéralisent les matières organiques des sols, pour nourrir les plantes ?

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Des résultats allemands montrent que la quantité de racine va diminuer avec les fortes températures dans la butte de pomme de terre, incompatible avec la survie des racines de cette culture.

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A l’aide de panneaux éducatifs de l’université de Jena, on voit que le type d’agrégat de sol est influencé par le type de culture, surtout pour les cultures sarclées : le type d’exposition du sol à la surchauffe que la conduite de la culture a généré donne une taille de mottes/agrégats plus gros si le sol n’est pas resté à l’ombre.

Ainsi les plantes sarclées avec un large inter-rang aura plus de rayonnement direct qui va frapper le sol durant des jours durant les mois où la température maximale peut être importante ( juin pour le maïs, juillet pour le tabac). En allemand, il existe un mot (c’est Klumpen) pour désigner ces mottes grosses (>5cm) "cimentée" par le chaud.

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Ainsi les plus grosses mottes sont surtout créées par les températures et la pression anormale au sol ( > 1 kg/cm² ) causées par l’action de l’homme et de ses machines lourdes.

La "fermentation d’ombrage" (schattengare) très favorable à l’activité biologique du sol (bactéries) est interrompue par les conditions surchauffées du sol dans l’inter-rang, surtout dans les sols très travaillés et affinés, très aérés.

Cette réflexion m’interroge quand on parle de test d’incubation contrôlée du sol pour simuler sa minéralisation durant 4 semaines, ce potentiel d’azote minéralisé mesuré en laboratoire est réalisé à 28°C, ce qui est une température qui semble trop élevée pour cette "fermentation d’ombrage". Ce standard de mesure simule ce qui devrait se passer en 6 mois dans la saison au champs.

Ces éléments expliquent aussi pourquoi les sols avec sous-semis, mulchs morts ou mulchs transférés apportent de la fraîcheur au sol, en plus de la fonction d’écran qui empêchent aux adventices de germer/ lever.

Le sol c’est comme un panneau solaire avec un moteur de photosynthèse : chaque rayon de soleil doit stocker du carbone et de l’énergie dans le sol, les exsudats des racines des plantes libérant de 10 à 30% de la matière sèche produite directement dans le sol tout autour des racines et radicelles (rhizosphère) pour nourrir les microbes bénéfiques à la croissance des plantes.

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Le tout est de fournir aussi "le gîte et le couvert" à nos gentils microbes, avec une bonne porosité (structure du sol = habitat) et des matières organiques fermentescibles comme les engrais verts ou les fumiers compostés jeunes.