Philippe Pastoureau

  • Couvert localisé chez Jocelyn Michon
  • Passage du strip till à disque
3
juin
2009

Combien peut me rapporter un couvert ???

Comme je suis un peu tordu, je me pose souvent les questions à l’envers. En effet, beaucoup d’agris se posent la question " Combien va me coûter l’implantation d’un couvert ??? ".
- Moi, je ne cherche pas à répondre seulement à une réglementation qui m’impose de couvrir mes sols, je veut aller beaucoup plus loin et tirer profit du couvert.
J’ai donc implanté un couvert de seigle sur ma parcelle nommé "Gibet Haut " dans le diaporama ci-dessous, et je l’ai détruit à 2 dates différentes au printemps :
Le 24/03/2009 à 1,7 L/ha de glypho sur la moitié de la parcelle, le seigle a donc été stoppé avant sa phase de croissance et a donc produit seulement 2 t/ha de MS ;
Le 05/04/2009 à 1,7 L/ha de glypho sur le reste, soit seulement 10 jours plus tard (mais 2 jours avant le semis), mais entretemps le seigle a doublé de volume en passant de 2 à 4 t/ha de MS ;

- A priori , on pourrait penser que ce décalage va pénaliser le maïs, détrompez vous, le seigle en continuant à pousser va pomper l’eau du sol sans le rendre dur, il va donc le réchauffer puis la couverture créée par les résidus viendra stopper l’évaporation capillaire, à croire que l’eau contenu dans les tiges et feuilles va retourner dans le sol par dessiccation.
Mais choses beaucoup plus surprenantes, la destruction tardive du seigle va me faire gagner de l’argent !!!
- Regardez maintenant les applications herbicides que j’ai fait après le semis du maïs :
Sur la partie détruite le 24/03 , je vais faire un 1er rattrapage le 12/05 avec 0,4 L/ha de Mikado + 0,4 L/ha de Pampa + 0,2 L/ha de Banvel (pour nettoyer les adventices poussées sur le rang). Puis un second rattrapage le 28/05 avec 0,4 L/ha de Pampa + 0,2 L/ha de Banvel (sur les zones ou il y a des trous dans le couvert). Soit un total de 77 €/ha.
Sur la partie détruite le 05/04, je ne vais faire qu’un seul rattrapage avec 0,4 L/ha de Mikado + 0,4 L/ha de Pampa + 0,2 L/ha de Banvel. Soit un total de 45 €/ha.

- Voilà donc comment j’ai gagner 32 € rien que sur la date de destruction, je peux aussi dire que la couverture permise par les résidus du seigle me permet de réduire mon poste herbicide de 40% . De plus, je vais maintenant économiser 1 voir 2 tours d’eau et surtout nourrir mon sol, il suffit de regarder le terreau qui est en train de se constituer, aucune croûte de battance à la surface donc un sol qui respire et qui va pouvoir vivre pendant 365 jours /an , comme nous ...

La preuve en images


24
mai
2009

J’ai semé mon maïs à la " Steve Groff ", je conseille fortement aux âmes sensibles de ne pas regarder mes diaporamas ...

Tous les ans, je simplifie un peu ma technique d’implantation du maïs pour tendre au maximum vers l’agriculture de conservation, j’ai donc revu ma rotation, je ne travaille que la ligne de semis (pourquoi travailler toute la surface lorsque l’on sème tout les 75 cm d’ailleurs ???), il me reste maintenant à couvrir le sol. Le dire, c’est bien ... le faire, cela me fait un peu peur...
Voici donc en image un petit reportage de mes différentes parcelles qui ne sont finalement que des terrains d’observation qui m’inspirent des constats, des défaites mais aussi beaucoup de surprises...

Sur cette 1ère série de parcelles, le strip-till a été passé en solo car nous sommes sur des parcelles froides (limon-argileux allant de 15 à 45 % d’argile), les couverts sont ici peu développés ou détruits depuis longtemps. La technique consiste donc a strip-tiller pour réchauffer et assécher la ligne de semis, localiser de l’urée sous la ligne de semis mais aussi plaquer la végétation au sol avec le rouleau faca.

- Parcelle 1 : Cotinière
- Parcelle 2 :Gibet bas
- Parcelle 3 :Verter Trêfle
- Parcelle 4 :Verger Maïs grain

Le strip-till est pour moi un outil qui me permet de sécuriser les implantations de maïs et de corriger la compaction occasionné par les épandages d’effluents que je réalise souvent fin février. Cette technique ne remet cependant pas en cause ma pratique du semis direct, regardez le graphique suivant.

Mon épandage de matière organique fraîche au printemps, cumulé à un lit de semence froid et un délai relativement long de levée du maïs vont provoquer des dégâts de mouche du semis, voici 2 liens pour en savoir plus :

- Lien 1
- Lien 2

Odette Ménard nous a dit que 96 % des êtres vivants du sol sont des auxiliaires, je veux bien la croire mais il ne faudrait tout de même pas que les 4% qui reste anéantissent mes cultures. En réfléchissant un peu, si j’ai des Délia Platura (mouche du semis) dans mes champs, ce n’est sans doute pas juste pour m’embêter, mais plutôt pour décomposer la matière organique fraîche que je viens d’apporter. Et la mouche du semis ne fait probablement pas la différence entre les grains de maïs qui proviennent du fumier ou lisier (ceux que l’on retrouve dans les bouses) et ceux que je viens de semer ...
Et c’est maintenant que je comprends les anciens qui disaient que l’on ne peut pas avoir une flore de décomposition en même temps qu’une flore de germination, chaque chose en son temps ...
Promis , l’année prochaine j’apporte mes effluents plus tôt et je réchauffe un peu mieux ma ligne de semis.

Pour réchauffer le sol, il suffit de pomper l’eau qui empêche l’air chaud de rentrer, ceci est évident mais seules les racines savent faire cela correctement. Voilà donc maintenant des parcelles où j’ai laissé volontairement les couverts vivants le plus longtemps possible.

- Parcelle 5 : Prairie
- Parcelle 6 : Gibet haut

On commence sérieusement à ressentir les bénéfices de la couverture du sol sur les photos précédentes. Manfred Wenz nous a expliqué qu’il faut au moins 5 t de MS de résidus au sol pour endiguer la germination des adventices, je fait donc ici un appel aux semenciers pour nous trouver des cultivars adaptés à mes attentes, ainsi qu’à celles de mes copains " cultivateurs ".

Et pour finir , le paraplow des années 80 relooké :

- Parcelle 6 : Semis derrière RGI

4 ans de mise au point, de réglages mécaniques et cérébrales pour arriver à cela, mais ceci nous ouvre de belles perspectives. Si vous souhaitez en savoir plus sur cette technique ou réagir, n’hésitez pas a venir discuter sur agricool, une fois inscrit (gratos et anonyme), vous pourrez discuter avec Dundee mais aussi pleins d’autres agris qui expérimentent avec divers outils cette technique.


14
mai
2009

Le sol ne doit jamais être NU !!!

Vous avez sûrement déjà entendu cette phrase, Steve Groff, Manfred Wenz, Ademir Calegari, Odette Ménard et bien d’autres nous le répètent sans cesse lors de leurs déplacements en France.
Moi aussi je l’ai entendu, mais mes neurones formatés par l’agriculture conventionnelle que l’on m’a apprise à l’école n’avait pas stocké cette information dans le bon casier. D’autres personnes comme Mr Richard ou Gérard Heintz ont percuté beaucoup plus vite que moi car ils ont touché aux limites de l’agriculture conventionnelle.

Voici donc encore quelques photos des essais qui à première vue n’ont aucune chance de marcher, et je me mets à rêver que demain nos instituts de recherche nous feront découvrir des plateformes d’essais désherbage où les techniciens nous diront combien et quelle quantité de couverts je dois mettre ...

Maïs en SCV


11
mai
2009

Petit tour de plaine

Internet est un superbe outil pour échanger, mais ceci ne remplacera jamais les visites de terrains que l’on peut faire. C’est pourquoi, il est assez fréquent que des groupes d’agriculteurs (GDA, Ceta ou autres) viennent à la rencontre de notre cuma pour échanger sur nos pratiques mais aussi connaitre le parcours qui nous a conduit de l’agriculture conventionnel aux TCS, puis au Semis Direct et maintenant à l’agriculture de conservation. Pour retracer tout cela, on prend souvent une journée dans l’hiver où nous expliquons le matin notre parcours, nos échecs et nos réussites et l’après-midi nous nous rendons sur le terrain. Puis les plus curieux reviennent quelques mois plus tard revoir les cultures qu’ils ont vu germer au milieu d’un tas de végétation, histoire de se rassurer un peu ...

Je remercie Léo qui m’a fait la surprise de photographier mes champs , voici son reportage : Diaporama

Et voici un petit article paru dans l’Avenir agricole du 8 Mai 2009, car si on ne fait pas voir ce que nous faisons dans nos champs, personne n’en parlera ...

Avenir Agricole


10
novembre
2007

Avant de manger, vous mettez le « couvert », n’est ce pas ?

Mettre le couvert est une évidence, mais je ne mets que des couteaux ou que des fourchettes ???? Voici un peu résumé nos débuts en matière d’implantation de couvert , encore une fois nous pensons que tout est matière d’équilibre. Voilà pourquoi nous avons mis en place une plateforme de couvert pour observer l’adaptation des plantes à notre région mais aussi à nos attentes. Alors comme il n’y a pas de recettes miracles pour un bon couvert, voici quelques photos de notre essai avec des prises de vue à différents stades, une appréciation du caractère gélif ou pas des plantes et la facilité de destruction mécanique :

Galerie de photos

Implanter un couvert est un bon début, mais on a rapidement vu que pour réellement améliorer la structure du sol (par le travail des vers de terre) , il fallait obtenir de la biomasse, 2 à 3 tonne de MS nous paraissant un minimum. Odette Ménard, spécialiste québécoise des vers de terre, nous a expliqué que les vers de terre ramassent leur nourriture à la surface du sol pour former les célèbres « Cabanes de vers de Terre » (vidéo). Mais il faut savoir que les vers de terre sont très difficiles : si on incorpore les résidus sous 3 ou 4 cm de terre seulement, il y a un début de fermentation anaérobie et du coup , le beau couvert tourne au « vinaigre » , inutile de vous dire que les vers de terre ( les anéciques en tout cas ) n’y toucheront pas …

C’est seulement à partir de ce moment que nous avons compris comment démarrer notre élevage de vers de terre, il ne suffit pas d’arrêter de labourer, il faut couvrir en permanence le sol avec des résidus ou des couverts et laisser ceux-ci à la surface du sol tout simplement. Le compil nous permet de laisser les résidus en surfaces pour les semis d’automne, mais s’est beaucoup plus compliqué pour les cultures de printemps ou nous avons tendance à exposer la terre au soleil pour favoriser le réchauffement. Le strip till nous apporte un bon compromis, on ne travaille que la ligne de semis afin de perturber le moins possible la vie souterraine tout en conciliant des rendements performants.

Voici notre itinéraire actuel pour les cultures de printemps :

- 1 à 2 passages de compil pour mulcher les résidus, réchauffer le sol et incorporer les effluents d’elevages ( l’objectif à terme est de supprimer ce mulchage , …) ;
- Passage du Strip Till pour réaliser une fissure sous la ligne de semis avec incorporation d’engrais starter par le fissurateur à 10-15 cm sous la graine suivi de notre semoir NG+.

pastoureau profil maïs

Premier essai en 2006 :
Le rang de gauche correspond au Strip till : on constate un système racinaire dense en surface avec de grosses racines coronaires bien ancrées dans le sol, et d’autres racines qui ont plongé dans la fissure créée par la dent. Notez également que l’interrang n’a pas été travaillé afin de conserver une bonne portance pour les bennes, et réduire les repousses de mauvaises herbes.
Le rang de droite correspond à un " décompacteur + rotalabour ", on retrouve très bien, non pas la semelle de labour, mais une rupture de structure à 20 cm, avec des racines coronaires moins présentes mais surtout un système racinaire beaucoup moins développé.
On n’a pas remarqué de grosse différence de végétation en cours de culture et le rendement final atteint tout de même 90 q/ha secs pour les 2 itinéraires.

Au vu de ces résultats, l’objectif actuel de la cuma est plutôt d’allonger la rotation en intégrant une culture de printemps tous les 3-4 ans afin d’alterner non seulement les cultures, mais aussi les types d’implantation : fissurateur (maïs-tournesol-betterave), compil (cipan , céréale ou métail ) et semis direct (colza ou dérobé…)

Lien


1er
octobre
2007

La Cuma de la Vallée des 2 Fonds

Adherents cuma 2 fonds

Notre CUMA a été créée en 1995 ; elle réunit 6 agriculteurs-éleveurs sur 500 ha qui ont décidé de mettre tout leur parc matériel de semis en commun. Ces 10 années de recul nous ont beaucoup appris, les expériences de chacun, les échecs rencontrés, nous ont permis d’évoluer plus facilement qu’un exploitant individuel. Partis au début avec seulement un ensemble décompacteur-semavator, nous avons pris en 2000 un second virage avec l’arrivé d’un Unidrill pour les semis d’automne et d’engrais verts. Nous passons donc des « TCS intensifs » au semis direct pour les cultures d’automne. Nous avions cependant des soucis d’incorporation d’effluents d’élevage, de limaces et de salissement de parcelles. Nous avons accepté le retour à du « gratouillage » avec une herse étrille mais qui ne convenait pas dans les fumiers pailleux. La proximité de M. Jallu a fait que nous avons testé un Compil pendant 1 an avant de l’acheter en 2001. Ce déchaumeur nous permet de réaliser de vrai faux-semis qui consistent à mettre les graines en condition optimum de germination (travail du sol sur 2-3 cm), tout en étant plus polyvalent que la herse. Son gabarit nous faisait peur pour notre petit parcellaire, mais cette crainte s’est vite dissipée pour laisser place à un très bon mulchage de surface avec un système de rouleau arrière qui rappuie le sol, favorisant la germination de toutes les graines mais aussi un bon contact résidus-sol facilitant la décomposition de ceux-ci.
Les 4 rangées de bêches suffisamment éloignées, permettent de « secouer » les racines des adventices, rendant leurs repousses quasi impossibles : ceci nous permet de bien détruire les couverts (seigle – avoine – moutarde – navette , …) et de diminuer fortement les doses de glyphosate. En effet, ce déchaumeur lacère les plantes sans les défolier , ce qui permet d’utiliser de faibles doses (0,8 – 1 L/ha) sur des plantes très affaiblies mais qui absorbent bien le désherbant ; cas des repousses de colza difficiles à détruire.
Convaincu que ce déchaumeur était en faite un très bon « germinateur », capable de passer dans tous types de résidus, c’est naturellement que nous est venue l’idée de semer autres choses que des engrais verts avec le compil. Les essais ont débuté en 2004 avec un semis de blé au centrifuge derrière maïs grain, suivi d’un passage de compil sur une surface de 4 ha avec un résultat équivalent à notre semoir à disque (75 q/ha). Possédant un semavator qui tournait peu, nous avons adapté cette trémie pneumatique à l’avant du tracteur en bricolant une petite rampe de semis, et voilà comment on a transformé notre compil en « semoir ». Il faut cependant rester prudent sur cette technique qui peut avoir le défaut de faire trop de terre fine, c’est pourquoi aujourd’hui nous essayons de soigner la qualité d’implantation de nos couverts, ce qui nous garantie par la suite la facilité d’implantation de la culture suivante.