Opaline LYSIAK

  • L'architecture de la technique des corridors solaires (source : H.L. Britt)
  • Le pâturage tournant dynamique de Félix Noblia
  • Estimation du rendement par l'observation des épis chez Valery Groleau, en Vendée
  • Implantation de couverts avant plantation d'un rang de pommiers
23
août
2021

Johanna Villenave-Chasset : l’Agroécologie c’est Nourrir et Loger la Vie des Champs

Je me remémore ces moments avec Johanna : au salon Innovagri, en train de choper des coccinelles pour les montrer aux passants qui sont sans aucun doute heureux de trouver un micro îlot de biodiversité au milieu de tous ces gros tracteurs. C’est aussi son intervention à la journée du magazine TCS - Techniques Culturales Simplifiées - où son discours sur les bestioles et la biodiversité est écouté très sérieusement par les céréaliers qui comprennent l’importance du partenariat avec les êtres Vivants qui habitent leurs champs. Et puis c’est aussi le TedX qu’elle a donné à Rennes, l’été dernier, et pendant lequel j’ai compris à quel point elle est passionnée. Voici les questions qui guident notre échange au coeur du printemps solognot :
— > La question Brise Glace Antisava : qu’elle entreprise révolutionnaire tu créerais si tu avais 1 milliard d’euros ?
— > Comment tu fais pour expliquer ton métier à un jeune de 15 ans ?
— > C’est quoi l’agroécologie pour toi ?
— > Est-ce que tu peux nous raconter 2-3 pépites d’observations ou de lien entre des pratiques agricoles et la biodiversité ?
>> Est-ce qu’il y a des essences d’arbres particulièrement intéressantes pour les auxiliaires ?
>> Que peut-on semer ou planter pour permettre à la coccinelle de réaliser son cycle ?
>> Quel est le message essentiel que tu donnerais à un jeune qui souhaite devenir paysan par rapport à la gestion du Vivant dans ses parcelles ?


4
juillet
2021

Victor LeForestier : patates, défi de l’ABC et ferme humaine

J’ai choisi de faire ce podcast avec Victor Leforestier, parce que son parcours m’inspire et c’est le voyage qui nous connecte.
En 2015, il décide d’enquêter sur la gestion holistique en Australie et au Canada. C’est grâce à Victor que j’ai découvert cette méthode de prise de décision aux côtés d’Helen Lewis, éleveuse australienne chez qui il a été ! Depuis ce voyage, Victor accompagne les agriculteurs à créer des systèmes de cultures qui régénèrent les sols et en parallèle, il s’est installé sur la ferme familiale où il cultive notamment le lin et la pomme de terre en agriculture de conservation.... Voici les questions que je lui pose :

— > Qu’est-ce qui te permet de garder la patate au quotidien ?
— > Parles moi un peu de ta ferme. Si tu devais la décrire en quelques phrase clé.
— > Qu’est-ce qui te nourrit au quotidien dans ce que tu fais ? En quoi cette ferme est engagée dans la transition agroécologique ?
— > Pourquoi tu aimes l’agronomie ?
— > Tu peux nous parler de pépites techniques pour faire saliver les agriculteurs qui nous écoutent et aussi leur donner des conseils s’ils font du lin ou des patates ?
— > Ton compte twitter c’est VictorHolistic. A quel point la gestion holistique t’aide aujourd’hui au quotidien ?
— > J’ai l’impression que tu aimes beaucoup t’inspirer de ce qui se fait ailleurs, encore aujourd’hui à travers les réseaux sociaux. Pour toi ça peut apporter quoi à un jeune paysan français d’aller voir ailleurs ?


24
juin
2021

Agroécologie et formation avec Matthieu Archambeaud

Matthieu Archambeaud, co-fondateur d’Icosystème, partage sa vision de l’agroécologie et de la formation dans l’épisode 18 du podcast de l’Ecole d’Agroécologie Voyageuse.

==> Ecouter l’épisode du podcast de l’Ecole d’agroécologie Voyageuse avec Matthieu Archambeaud.

« Agroécologie ? C’est un mot dont je me méfie beaucoup. Dans certaines formations je ne parle pas d’agroécologie, je parle juste d’agriculture de conservation, d’agronomie de bon sens et tout de suite ça passe mieux »

« Nos formations permettent d’intégrer les principes de l’agroécologie dans son mode de pensée et servir aussi bien à une communauté alternative qu’à un agriculteur industriel »

« Depuis 20 ans, mon métier c’est d’entrainer tous les agriculteurs, techniciens vers l’agroécologie… et donc parfois il faut éviter d’utiliser ce terme en tout cas au début »

« Je me suis toujours vu comme un colporteur d’informations plutôt que comme un donneur d’informations… un peu comme un ver de terre qui collecte, digère et redistribue la fertilité ! »

« Si on veut une transition à grande échelle il faut que tous les agriculteurs puissent se rendre compte qu’ils peuvent faire bien mieux au niveau économique »

« On apprend que de ses échecs, le succès nous endort. C’est le gros défaut des réseaux sociaux, car on présente souvent que les succès. Créer de la confiance entre agriculteurs leur permet de partager leurs réussites et leurs erreurs. Dans les groupes privés comme sur Whatsapp, comme il y a plus de confiance, il émerge de belles choses »

« Parce que nos méthodes et contenus sont bien pensés, toute personne peut s’en emparer pour faire aussi de l’accompagnement »


11
février
2021

Maïs : les résultats des corridors solaires

En mars 2020, je publiais un article sur les corridors solaires, techniques développée en Amérique du Nord depuis 2010 avec des résultats épatants et représentant une énorme opportunité sur la séquestration de carbone. Cette année, 3 agriculteurs bretons du réseau BASE ont mis en place l’essai.

Si vous souhaitez mettre en place l’essai dans votre ferme, vous pouvez remplir ce formulaire.

En doublant la largeur de l’espace entre deux rangs de maïs et en densifiant les pieds sur le rang (passant de 75 à 150 cm d’écartement), on peut intégrer un couvert végétal qui apporte de nombreuses fonctionnalités : structuration du sol, apport de matière organique, accueil de biodiversité fonctionnelle, maintien de l’humidité au sol, limitation du développement de plantes non désirées.

La créativité, leitmotiv de l’essai

La technique est testée depuis 2010 en Amérique du Nord. Elle a été testée pour la première fois en France en 2020 chez 3 agriculteurs bretons - Bertrand Paumier, Nicolas Gorin et Pierre-Henri Hamon, avec un suivi de projet inter-générationnel et collaboratif, et un objectif de valorisation et de partage des expériences tout au long de l’essai.

Couvert biomax dans un corridor solaire : le couvert a été roulé avant floraison

Les moyens financiers pour suivre l’essai sont accordés par la Région Bretagne à travers le projet Agriculture Écologiquement Performante (AEP). Le choix a été fait de confier le suivi et la valorisation du projet à l’association les Agron’Hommes : j’ai coordonné l’essai et fait appel à Solène Mure, étudiante ingénieure agronome, pour le suivi de l’essai sur le terrain pendant 2 mois. Pour cette expérimentation unique, le choix a été fait de laisser une grande liberté et créativité aux agriculteurs dans leur itinéraire technique.

Développement du couvert de trèfle dans la modalité TCS chez Bertrand Paumier

Une réussite sur le plan agronomique et écologique

Sur le plan agronomique, le projet est un vrai succès : les corridors solaires fonctionnent, avec une baisse de rendement de 10 à 20% maximum. On peut émettre l’hypothèse que le manque à gagner en termes de rendements se retrouve dans une économie d’intrants puisque les sols retrouvent leur auto-fertilité plus rapidement.

Levée du trèfle dans les corridors solaires

Les feuilles du côté du corridor sont plus grandes ; elles se développent majoritairement sur la zone où elles captent le plus de lumière sans pour autant produire plus de chloroplastes. Cela prouve que lorsque le maïs a plus de lumière grâce au corridor, il tolère une double densité sur la ligne. Lorsque le couvert est implanté dans une fenêtre météorologique adaptée, que le choix d’espèces combine leurs bienfaits, et que le couvert est géré à floraison, on limite la compétition du couvert avec le maïs, et on favorise la dégradation du couvert.

Des défis au niveau du machinisme

Sur le plan technique et économique, le déploiement des corridors à plus grande échelle pose la question du machinisme et de la main d’œuvre, principalement pour la gestion des couverts.

Corridors solaires vus du ciel chez Nicolas Gorin

Sur le plan pédagogique, le projet a été très riche d’apprentissages pour tous les acteurs du projet. Le stage “flottant” de Solène, qui travaillait auprès de 3 agriculteurs, a permis de rapidement créer la confiance nécessaire pour comprendre les besoins des agriculteurs par rapport à cette technique, et de faire circuler les apprentissages rapidement entre les fermes. L’animation d’échanges entre agriculteurs a été clé pour trouver des solutions ensemble aux problématiques techniques rencontrées, et avoir le courage de réaliser une opération technique en ayant le soutien moral et la validation technique du groupe.

Participez au déploiement à grande échelle !

Le déploiement à plus grande échelle de l’expérimentation, pourquoi pas avec un essai réalisé dans 10 à 20 fermes, est envisageable en se basant sur les leçons tirées de cette première expérience :
→ accorder une attention particulière au semis des couverts et aux variétés choisies
resserrer les possibilités d’itinéraire technique pour permettre une comparaison plus précise
utiliser des variétés supportant la sur-densification sur le rang afin d’optimiser l’apport de lumière au maïs
→ mesurer les performances agroécologiques d’une parcelle recevant des corridors solaires sur le long terme, notamment pour valider la séquestration importante de carbone permise par la technique.

Les expérimentateurs de corridors solaires, au moment de l'enterrage des slips en juin 2020

Ce projet plaide en faveur de projets agroécologiques “holistiques” qui ne se consacrent pas uniquement aux performances agronomiques mais aussi aux apprentissages humains. Valoriser et développer le savoir-être des agriculteurs et agricultrices est un élément clé de la transition agroécologique.

De nombreuses fermes en France ont indiqué vouloir réaliser l’essai au printemps 2021. Le projet recherche un organisme technique, un groupement d’agriculteurs, une structure pouvant prendre en main le suivi et la valorisation de l’expérimentation à l’échelle régionale ou nationale.

Estimation du rendement par l'observation des épis chez Valery Groleau, en Vendée

Si vous souhaitez mettre en place l’essai dans votre ferme, vous pouvez remplir ce formulaire.

Si vous êtes intéressé.e, vous pouvez me contacter : opaline.lesagronhommes chez gmail.com


3
octobre
2020

A la recherche du slip perdu ...

Nous sommes le 30 septembre 2020. 3 mois jour pour jour après la mise en terre de jolis slips bio dans le cadre du projet corridors solaires , il est temps de partir à la recherche du trésor : va t’on le retrouver ou sera t’il si décomposé qu’on ne le retrouvera pas ?
Le résultat en images ...

A gauche, le slip sous TCS, à droite, le slip sous labour.
Bertrand Paumier, dans le champ de comparaison, qui depuis presque 20 ans compare un itinéraire labour / TCS / AC. A gauche, le slip sous TCS, à droite, le slip sous labour.

A gauche, le slip sous TCS, à droite, le slip sous labour.
A gauche, le slip sous TCS, à droite, le slip sous labour.

A gauche, slip enterré sous un couvert biomax qui s'est fortement développé.
Chez Nicolas Gorin, parcelle en AC depuis 2 ans. A gauche, slip enterré sous un couvert biomax qui s’est fortement développé. A droite, slip enterré sous une féverole pure qui ne s’est quasiment pas développé. On peut voir que l’humidité créée par le couvert a favorisé à gauche le développement de champignons.

Nicolas Gorin, 2 années d'AC : il peut presque remettre son slip !
Nicolas Gorin, 2 années d’AC : il peut presque remettre son slip !
" Quand je vois ça, je me dis que j’ai encore un long chemin devant moi, c’est ça qui est génial !"

"Ah non, en fait on ne peut plus vraiment le remettre"
"Ah non, en fait on ne peut plus vraiment le remettre" il fallait vraiment que j’essaye, pardon... :D

Ces premiers résultats montrent la vitesse de dégradation de la matière organique dans un sol en agriculture de conservation depuis 20 ans. Ce qui interroge c’est le résultat en modalité labour chez Bertrand Paumier. Les deux fermes, bien que situées à 10 km l’une de l’autre, ont des conditions pédagogiques différentes : les sols chez Nicolas sont plus séchants, limitant l’activité de la vie du sol.
La réflexion continue !


1er
juillet
2020

Enterrer des slips dans du maïs en corridors solaires : ils sont fous ces Bretons !

Des rangs de maïs si écartés qu’on peut y prendre une photo à cinq. Des slips en coton bio enterrés sous du couvert biomax. Les ACistes bretons seraient-ils devenus fous ?

Rassurez vous : le test du slip commence à être bien connu et l’idée nous vient du même endroit que le maïs en corridors solaires : d’Amérique du Nord. Le numéro 107 de votre revue préférée y consacre d’ailleurs un dossier complet !

Thibaut, Solène, Nicolas et Anthony suivent de près l'évolution de l'essai de maïs en corridors solaires

Nous sommes le 1er juillet 2020 et les couverts biomax chez Nicolas Gorin sont magnifiques. Solène, étudiante à Bordeaux Sciences Agro, réalise un stage de 2 mois avec les Agron’Hommes et BASE, soutenu par la Région Bretagne, sur le thème du maïs en corridors solaires : comment cette technique agroécologique qui a fait ses preuves en Amérique du Nord peut-elle s’adapter à nos systèmes ?

Découvrez la technique avec une vidéo réalisée par Solène :

Bertrand Paumier, Nicolas Gorin et Pierre-Henri Hamon ont mis en place ces essais dans leurs parcelles. Les premiers résultats montrent qu’un biomax implanté au stade 5 feuilles du maïs, en SD puis roulé, dans une parcelle ayant reçu des effluents d’élevage, se développe bien. Pour la féverole seule, c’est plus compliqué.

Rendez-vous cet automne pour la récolte du maïs !