Mathieu Marguerie

  • Irrigation
  • Portrait Frédéric Thomas
3
décembre
2020

Irrigation et agroécologie : savoir mettre de l’eau dans son vin ?

Chaque été, l’irrigation est régulièrement pointée du doigt dans le débat public. Dans un contexte de changement climatique, bien utilisée, elle pourrait pourtant constituer un appui pour le développement d’une agriculture plus vertueuse.

Irrigation Irrigation et agroécologie : savoir mettre de l’eau dans son vin ?
L’agriculture a besoin, parfois, d’eau en plus de celle en provenance directe des précipitations. C’est d’autant plus vrai ces dernières années où le changement climatique se fait davantage sentir. L’eau devient un levier important de la production en été. Toutes les régions ne sont pas au même niveau. Même si des règles existent, dans certains territoires, les usages sont supérieurs à ce qui est disponible.
Pourtant, quand on y réfléchit bien, l’irrigation n’a pas que des mauvais côtés. Elle est même, dans certains cas, un levier d’intérêt pour le développement de l’agroécologie.

Tout cela est expliqué dans cet article paru dans Graines de Mane.


2
octobre
2018

Sarah Singla : "Développons des sols fertiles en remplaçant le métal par le végétal"

Article à consulter en intégralité sur https://www.grainesdemane.fr/

Rencontre avec Sarah Singla, réalisé pour Graines de Mane, agricultrice en Aveyron engagée dans l’agriculture de conservation.
GDM (Graines de Mane) : Comment mettez-vous concrètement en place cette agriculture de conservation sur votre exploitation ?
JPEG - 88.7 koS.Singla : L’agriculture de conservation est basée sur trois piliers : la non-perturbation du sol –ou sa perturbation minimale-, la couverture permanente des sols et la rotation des cultures. Cela consiste en fait à copier la nature, dans laquelle des végétaux variés sont présents 365 jours par an. Concrètement, une fois que nous avons fait la récolte de la culture principale, nous implantons ce que l’on appelle un "couvert végétal" qui va, grâce à ses racines, retenir les particules de terre, éviter l’érosion, en plus de permettre à l’eau de s’infiltrer en profondeur. Et ce couvert végétal pourra être éventuellement récolté ou valorisé en alimentation animale, s’il n’est pas laissé au sol pour le nourrir. Quelle que soit l’utilisation du couvert, nous implantons la culture suivante avec un semis qui perturbe le moins possible le sol. En agriculture de conservation, les racines des cultures et des couverts remplacent le métal des outils de travail du sol. Ainsi, on évite de perturber la vie que le sol contient et de le laisser à nu. Enfin, le dernier grand principe de cette agriculture est la diversité des cultures présentes dans les parcelles. On arrête la monoculture pour favoriser la diversité des cultures, que ce soit dans les cultures que nous cultivons ou dans les associations des plantes entre elles. Il existe encore un niveau supplémentaire à cette agriculture de conservation : l’agriculture de régénération. Elle consiste, en plus de tous les principes énoncés, à introduire des animaux dans le système car ils font aussi partie du cycle de la vie et leur présence contribue à la fertilité des sols agricoles.

GDM : pour ne jamais travailler le sol, et tout de même contrôler les mauvaises herbes, l’agriculture de conservation utilise des herbicides, dont le glyphosate. Pouvez-vous nous expliquer son usage et les éventuelles possibilités de s’en passer ou d’en utiliser moins ?
En agriculture de conservation des sols, le glyphosate est un outil dans la boite à outils de l’agriculteur. Dans l’agriculture telle que nous la pratiquons, cette matière active n’est pas utilisée sur une culture qui va être récoltée et ensuite consommée par des animaux ou des hommes. Il est employé, si besoin, pour stopper la photosynthèse des plantes présentes sur la parcelle juste avant le semis de la culture suivante. En d’autres termes, on stoppe la croissance du couvert afin de faciliter le développement de la culture qui viendra prendre le relai. Ce produit permet donc de réguler ou détruire un couvert végétal ou des mauvaises herbes sans travailler le sol. Actuellement, les alternatives existantes consisteraient à revenir au travail du sol ou à utiliser d’autres herbicides, potentiellement plus problématiques pour la santé ou l’environnement que le glyphosate. Interdire le glyphosate sans solution alternative véritable, serait donc prendre le risque d’un retour en arrière avec des sols nus et travaillés. Cela mettrait en danger une agriculture, qui pour la première fois, a montré que l’on pouvait produire tout en régénérant les sols et en favorisant la biodiversité. Le débat devrait surtout porter sur la vision que l’on a pour l’agriculture française et les objectifs qu’elle doit atteindre.

GDM : On voit donc clairement que l’agriculture que vous pratiquez, et les défis auxquels elle est confrontée, nécessite une expérimentation permanente. Comment, dans ce contexte, envisagez-vous le rôle des agriculteurs et des agricultrices dans la recherche agronomique ?
Il faut que la recherche soit faite "par, pour, avec et chez les agriculteurs" comme l’a souvent mentionné Lucien Séguy, pionnier dans cette agriculture. La recherche doit se faire en conditions réelles, dans les fermes. En tant qu’agriculteurs, on expérimente beaucoup et on constate régulièrement des phénomènes que l’on ne peut pas forcément expliquer. Il faut donc une diversité de compétences dans nos parcelles pour nous aider à comprendre ce qu’il s’y passe : des spécialistes des insectes, de la physique des sols, de la physiologie végétale ou encore de la microbiologie. Des approches systémiques seront nécessaires pour caractériser et faire progresser les pratiques agroécologiques, complexes car basées sur le vivant. Il faut réussir à prendre en compte dans la recherche la diversité des conditions de sols ou de climats, pour construire les solutions les plus adaptées à chacun.

Pour lire l’intégralité de l’article : https://www.grainesdemane.fr/2018/07/23/sarah-singla/


13
septembre
2018

Frédéric Thomas : « Pour la première fois dans l’humanité, on peut produire de manière conséquente en régénérant les sols »

Article à consulter en intégralité sur https://www.grainesdemane.fr/

L’agriculture de conservation est en plein essor en France. Elle vise à augmenter la fertilité des sols en couvrant la terre le plus possible et en abandonnant le labour. Frédéric Thomas, agriculteur spécialiste des techniques sans labour et fondateur de la revue TCS, analyse les débats qui agitent cette agriculture.

En quoi l’agriculture de conservation est-elle, comme vous l’affirmez, une « troisième voie » entre bio et conventionnel ?
Portrait Frédéric ThomasAu départ, l’agriculture bio part du principe que c’est la chimie de synthèse qui est l’élément le plus dangereux pour les écosystèmes et les agriculteurs. En agriculture de conservation, on considère que le travail du sol est une agression encore plus importante. L’agriculture de conservation a comme priorité la préservation des sols pour leur bon fonctionnement. Un sol n’a pas besoin d’être travaillé ou labouré pour supporter des plantes, comme le démontrent les forêts et les prairies. L’agriculture de conservation promeut l’utilisation de racines et de l’activité biologique pour organiser, structurer et recycler la fertilité des sols, et non pas celle de la charrue. Agriculture biologique et agriculture de conservation ne sont pas deux chemins opposés, mais parallèles. Dans les deux cas, l’agriculteur fait face aux mêmes difficultés que sont la gestion des mauvaises herbes et la fertilité des sols. Les moyens de gérer ces difficultés vont par contre être différents. Contrairement au bio, l’agriculture de conservation n’interdit ni la chimie pour contrôler les mauvaises herbes ou les ravageurs des cultures, ni les engrais de synthèse pour la fertilisation. On essaye par contre d’éliminer autant que possible le travail du sol, ce qui n’est pas nécessairement le cas en bio. Chacune des deux agricultures, avec sa sensibilité, essaie de contribuer à bâtir des systèmes agricoles durables.

Que répondez-vous à ceux qui critiquent la dépendance aux produits phytosanitaires de l’agriculture de conservation, en particulier au glyphosate ?

Premièrement, il faut être clair avec le grand public : il n’y a pas d’agriculture sans impact. Tout réside dans les choix d’impact. A nous, agriculteurs et encadrants de l’agriculture, de construire des systèmes permettant d’avoir un minimum d’impact global. Il ne faut pas regarder les systèmes agronomiques par le petit bout de la lorgnette, et en critiquer certains sous prétexte qu’ils utilisent un peu de produits phytosanitaires ou de travail du sol. Il faut au contraire les appréhender dans leur globalité, au risque, sinon, de stopper toute dynamique de progression des pratiques. Un système dans lequel il y a un maximum de couverts végétaux et un minimum de travail du sol avec une utilisation raisonnée de produits phytosanitaires apporte de nombreux services environnementaux.
Au final, le débat entre bio et agriculture de conservation est un choix de risques entre impact mécanique, par le labour, et impact chimique. Il faut tout de même savoir que le travail mécanique est très agressif pour l’écosystème qu’est le sol. J’ai fait un jour une démonstration un peu ardue à des agriculteurs en découpant des vers de terre à la bêche. Ils étaient choqués, mais c’est pourtant l’effet d’une charrue et d’un bon nombre de matériels mécaniques de travail du sol ! L’agriculture de conservation a réussi à ce que, pour la première fois dans l’humanité, on produise de manière conséquente tout en préservant et en régénérant les sols. Alors, oui malheureusement, on y arrive en utilisant, pour le moment, des produits phytosanitaires de manière raisonnée. Mais j’invite chacun à regarder l’ensemble des bénéfices du système à longs termes pour ne pas casser la progression d’une forme d’agriculture qui maintient la fertilité de nos sols, comme peu d’autres formes d’agricultures sont capables de le faire.

Pour lire l’intégralité de l’article : https://www.grainesdemane.fr/2018/04/08/frederic-thomas-pour-la-premiere-fois-dans-lhumanite-on-peut-produire-de-maniere-consequente-en-regenerant-les-sols/